mardi 17 juillet 2012

La banque de Montréal

119, rue Saint-Jacques
Façade principale, rue Saint-Jacques. Le dôme précédé d’un portique corinthien évoquent le Panthéon romain tandis que la façade entière présente des similitudes avec le siège social de la Commercial Bank of Scotland à Édimbourg (1844-1847, David Rhind, architect).
© Photographie de Normand Rajotte réalisée pour l'ouvrage L'histoire du Vieux-Montréal à travers son patrimoine, 2004


Façade secondaire, rue Saint-Antoine. Cette façade secondaire est purement classique, d’ordre dorique ; la division horizontale en trois parties reflète l’aménagement intérieur. Remarquer la partie du toit en retrait qui annonce un volume inspiré des basiliques civiles romaines.
©Denis Tremblay, 2008


Vue axonométrique par Beaupré et Michaud, architectes.
Le Vieux-Montréal, Les oeuvres du temps, 1991


"La Banque de Montréal fait construire cet édifice en 1845-1847, puis elle le fait réaménager et agrandir considérablement entre 1901 et 1905.

Fondée en 1817, la première banque canadienne connaît une telle croissance de son chiffre d'affaires qu'elle doit quitter son premier immeuble de la rue Saint-Jacques qu’elle occupe depuis 1819. En 1845, la Banque achète de la fabrique de la paroisse Notre-Dame un terrain face à la place d’Armes – en voie d’être réaménagée en square – ayant servi de cimetière et sur lequel on trouve un petit bâtiment logeant des bureaux. Pour la construction de son nouveau siège social, la Banque engage l'architecte John Wells en lui demandant, semble-t-il, d’étudier la composition par David Rhind de la Commercial Bank of Scotland que l’on construit à ce moment à Édimbourg. Wells s’en inspire, mais propose une composition originale tout aussi soignée. La Banque déménage dans son nouvel immeuble en novembre 1847.

Dès 1859, on constate une détérioration dangereuse du dôme. Il est enlevé et un étage-attique, simplement recouvert d'un toit plat, est ajouté. Dans les décennies suivantes, les seuls travaux majeurs sont réalisés en 1885-1886. L’intérieur est réaménagé par les architectes Taylor, Gordon & Bousfield et des adjonctions sont construites des deux côtés et à l’arrière jusqu'à la ruelle des Fortifications.

Au début du XXe siècle, la Banque, qui a acquis une stature internationale, agrandit son siège social. Un site acquis rue Saint-Antoine permet de construire un deuxième corps de bâtiment relié au premier par une passerelle fermée qui enjambe la ruelle. L’intérieur de l’ancienne partie est entièrement refait, mais la façade d'origine est conservée. On construit un nouveau dôme, tandis que l’étage-attique est modifié. La Banque confie le projet à la prestigieuse agence américaine McKim, Mead and White. Charles F. McKim (et non pas Standford White comme on l’a cru) prend en charge la conception et Andrew T. Taylor, de Montréal, supervise les travaux. La salle des guichets est pendant quelques années la plus grande en Amérique du Nord.

En 1923, on dévoile au centre du bâtiment la statue Patria (qui représente aussi La Victoire) du sculpteur James Earle Fraser, en hommage aux 231 employés de la banque morts pendant la Première Guerre mondiale. Le lien entre les deux corps de bâtiment est également élargi à cette époque, de sorte que la passerelle devient imperceptible de l’intérieur.

La Banque de Montréal occupe toujours l’édifice au début du XXIe siècle et en prend grand soin." (Source : http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_bat.php?sec=p&num=3)


La Banque de Montréal vue du clocher de l’église Notre-Dame par C. Dion & Co., 1858-1859. On pouvait à cette époque reconnaître une évocation de la Villa Rotonda d’Andrea Palladio (XVIe siècle), elle-même inspirée du Panthéon romaine ; cette évocation a été en partie effacée par les transformations ultérieures.  ©Musée McCord d'histoire canadienne, Montréal, MP-0000.2901


La Banque de Montréal en 1859 ou 1860. Cette photographie a été prise peu après le remplacement du dôme par un étage-attique, lui-même remplacé plus tard.
©Musée McCord d'histoire canadienne, Montréal, N-1975.32.14


Les toits de la Banque de Montréal vers 1913-1914. La photographie est prise d’un immeuble de la rue Saint-Antoine. À droite, le profil basilical et le nouveau dôme de la banque;
à gauche, l’édifice Royal Trust achevé en 1913.
©Bibliothèque et Archives nationales du Québec, collection Albums de rues E.-Z. Massicotte, cote: 1-29-a.


Banque de Montréal, circa 1900.
Detroit Publishing Company


Tympan historié du fronton, sculpté par John Steele, 1867. Les chapiteaux corinthiens en pierre ont été remplacés par des chapiteaux semblables en aluminium lors d’une restauration soignée.
© Photographie de Normand Rajotte réalisée pour l'ouvrage L'histoire du Vieux-Montréal
à travers son patrimoine, 2004

Le fronton historié créé par John Steel en 1867 contient en son centre les armoiries de la Banque, qui intègrent celles de la Ville de Montréal, flanquées de deux Amérindiens. L’inscription Bank of Montreal – en lieu et place de Corporation Montreal – identifie l’institution. Des deux côtés des Amérindiens sculptés en ronde bosse sont sculptés deux autres personnages et divers objets de facture très réaliste qui représentent des activités commerciales, maritimes, agricoles et industrielles. Sur le mur à l’arrière des colonnes, des plaques commémoratives de 1917 rappellent le centenaire de l’institution avec ses armoiries.


 Banque de Montréal.


"La Banque de Montréal est implantée rue Saint-Jacques face à la place d’Armes, un lieu de prestige. Elle occupe un site en pente séparé en deux parties par la ruelle des Fortifications. L’édifice comprend deux corps de bâtiment principaux, l’un en pierre calcaire grise de Montréal, l’autre en granit. Ils sont reliés par un corps de bâtiment intermédiaire d’un seul étage (une passerelle élargie vers 1920) surplombant la ruelle. À l’avant, une étroite marge de reculement sépare la rue du corps de bâtiment, l’espace laissé libre étant occupé par une colonnade. La partie avant est coiffée d’un dôme surbaissé et la partie arrière d’un toit à deux versants sur sa partie centrale.

Un portique corinthien à six colonnes surmontées d’un fronton domine la composition. Il évoque un temple de l’Antiquité romaine. L’élévation du corps de bâtiment comprend deux niveaux d’ouvertures réparties en sept travées. En avancée, les deux travées de chaque extrémité sont délimitées par des pilastres corniers. L’entrée principale occupe la travée du centre. Au-dessus de l’entablement, un étage-attique de grande hauteur et le dôme complètent cette composition imposante et parfaitement symétrique. L’ensemble exprime une monumentalité certaine, à laquelle contribuent tout particulièrement la colonnade et son fronton que l’on voit de loin sur la rue Saint-Jacques de même que le dôme visible de plus loin encore. Le dôme rappelle également la Rome antique. Les proportions de cette composition purement classique suivent de très près les règles codifiées par l’architecte de la Renaissance Andrea Palladio. Cette façade des années 1840 s’inscrit ainsi dans la phase finale du grand mouvement néoclassique occidental, avec un accent palladien très prisé dans l’Empire britannique. L’étage-attique et le dôme du début du XXe siècle de même que toute la partie arrière s’inscrivent quant à eux dans le renouveau classique proprement nord-américain, un courant plus tardif puisant à sa manière dans les méthodes et les ressources documentaires de l’École des beaux-arts de Paris. Charles McKim, qui a étudié à Paris, est un chef de file de ce mouvement.

Une telle image inspirée de l’Antiquité paraît appropriée pour une banque d’importance dans les années 1840 ; il l’est de nouveau dans les années 1900. La Banque de Montréal joue même un rôle initiateur à cet égard, son style devenant au Canada un indice de fonction bancaire. En effet, la monumentalité de l’ensemble annonce d’emblée un important siège social. Le dôme laisse par ailleurs supposer un vaste vaisseau à l’intérieur et les fenêtres, la présence de bureaux. Quant à l’imposant portique qui précède la grande porte, il ajoute un caractère semi-public intimidant. À l’arrière, la partie inférieure de la façade, traitée comme un soubassement à bossages en table, exprime le caractère inexpugnable des voûtes, tandis que les hautes fenêtres laissent deviner de grands volumes intérieurs." (Source : http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_bat.php?sec=p&num=3 )


Cinq shillings. Banque de Montréal, 1842.
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/M5266/


La Banque de Montréal, la nuit de l'illumination (4 octobre)
commémorant la chute de Sébastopol.1855.
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/M13008/


Banque de Montréal, rue Saint-Jacques, Montréal, QC, 1859-1860
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/N-1975.32.14/


Banque de Montréal, rue Saint-Jacques, Montréal, QC, vers 1860
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/I-6705.0/


Vue de Montréal en direction nord depuis la tour de l'église Notre-Dame, QC, vers 1870
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/MP-0000.1452.32/

Banque de Montréal, Montréal, QC, 1878-1880
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/VIEW-809.1/


Banque de Montréal, 1850-1885, gravure sur bois.
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/M930.50.3.265/


Arc de triomphe de la Banque de Montréal, 1850-1885.
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/M991X.5.409/


Banque de Montréal, 1868, gravure sur bois.
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/M13048.1/


Le bureau de M. Clouston, Banque de Montréal, Montréal, QC, 1886
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/II-81734/


Le bureau de M. Clouston, Banque de Montréal, Montréal, QC, 1886
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/II-81733/


La salle du conseil d'administration, Banque de Montréal, Montréal, QC, 1886
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/N-0000.131.3/


Banque de Montréal, Montréal, vers 1888.
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/M978.71.22/


Banque de Montréal, Montréal, Qc, 1890
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/II-94407/


Banque de Montréal, rue Saint-Jacques, Montréal, QC, vers 1906
Banque de Montréal, rue Saint-Jacques, vers 1910.


   
Hall de la Banque de Montréal, Montréal, Qc, 1887
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/II-83294/


Intérieur du siège social de la Banque de Montréal, Montréal, QC, 1905
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/N-0000.25.226/


La grande salle des guichets. Elle rappelle les basiliques civiles romaines composées d’un vaisseau central et de collatéraux. Le site étant de forme irrégulière, le collatéral de gauche s’élargit d’une extrémité à l’autre pour que le vaisseau soit parfaitement rectangulaire.
Photographie Gilles Lauzon, 2008
Source : http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_bat.php?sec=p&num=3



Place d'Armes et Banque de Montréal, Montréal, QC, vers 1910
carte postale couleur
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/MP-0000.839.6/


Hall, Banque de Montréal, rue Saint-Jacques, Montréal, QC, 1911-1912
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/VIEW-11869/


Hall, Banque de Montréal, rue Saint-Jacques, Montréal, QC, 1911-1912
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/VIEW-11868/


Détails du décor architectural à l’antique. Chapiteaux ioniques et corinthiens en bronze doré; ornements classiques (grecques, postes et oves) dorés à la feuille.
Photographie Gina Garcia, 2006
Source : http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_bat.php?sec=p&num=3


La coupole de la Banque de Montréal vue du hall d’entrée.
Photographie Gina Garcia, 2006
Source : http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_bat.php?sec=p&num=3


L’atrium vu du hall d’entrée. Au fond, à l’extrémité de l’axe d’entrée,
 la statue Patria et la grande salle des guichets.
© Photographie de Normand Rajotte réalisée pour l'ouvrage L'histoire du Vieux-Montréal
à travers son patrimoine, 2004
Source : http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_bat.php?sec=p&num=3


La Victoire, ou Patria, par le sculpteur américain James Earle Fraser, 1923. Le nom Patria est inscrit sur le piédestal; la Patrie victorieuse tient dans ses bras une épée et des branches de laurier.
Photographie Gina Garcia, 2006
Source : http://www.vieux.montreal.qc.ca/inventaire/fiches/fiche_bat.php?sec=p&num=3

Le plan symétrique, d’esprit beaux-arts, comprend un axe principal et des axes secondaires hiérarchisés. L’axe central offre un parcours monumental allant du hall d’entrée à un atrium qui conduit à la grande salle des guichets parallèle à la rue Saint-Antoine. Le hall d’entrée, aménagé au début du XXe siècle dans l’ancien bâtiment de Wells, donne à voir, au-dessus des bureaux de direction, la « nouvelle » coupole qu’annonçait le dôme extérieur. L’atrium permet de franchir l’arrière de l’ancien bâtiment et la passerelle (devenue imperceptible), mais tout paraît logé dans un seul vaste bâtiment. Le grand volume rectangulaire de la salle des guichets, entouré de colonnades et d’espaces latéraux plus étroits, est quant à lui inspiré des basiliques romaines où se traitaient affaires juridiques, commerciales et financières – les basiliques paléochrétiennes construites au IVe siècle suivaient ce modèle.

Le passage de l’ordre ionique dans l’atrium à l’ordre corinthien dans la salle des guichets ponctue le parcours. McKim aurait emprunté le module corinthien au portique de John Wells, reprenant les proportions et les chapiteaux qui lui paraissaient parfaitement adéquats. Partout, dans le hall comme dans l’atrium et la « basilique », un décor mural en marbre représente les ordres classiques, avec entre autres des entablements sobrement ornés. La complexité des volumes sous la coupole, dans le hall d’entrée, peut rappeler les recherches de l’époque baroque, mais tout le vocabulaire architectural y est gréco-romain comme dans les autres espaces. Dans l’atrium et la basilique (d’affaires), les bases de colonne en marbre noir de Belgique et les fûts en syénite vert foncé du Vermont (un granit) contrastent avec le marbre rosé de Knoxville employé pour les piliers et les pilastres. Les chapiteaux sont en bronze doré et les ornements des plafonds recouverts d’or posé à la feuille. Même dans l’expression de la richesse, on a voulu que tout soit classique, simple et digne.

En 1905, l’oeil était attiré dès l’entrée vers une grande horloge entourée des attributs impériaux britanniques qui couronnait une grille ouvragée donnant accès à un escalier menant aux voûtes. Ces éléments sont restés en place mais la statue Patria d’inspiration classique, en marbre blanc, dévoilée en 1923, est devenue le point focal de la perspective de bienvenue; elle a transformé l’atrium conduisant vers la basilique (d’affaires) en un temple à la mémoire des employés morts au combat.



La Banque de Montréal illuminée pour le couronnement de George V, Montréal, QC, 1911
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/VIEW-11384.A/


Intérieur de la Banque de Montréal, Montréal, QC, 1921
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/VIEW-20275/


  Bâtiments neufs et anciens de la Banque de Montréal, City Bank, Montréal, QC, vers 1860,
copie réalisée en 1928.
Source : http://www.mccord-museum.qc.ca/fr/collection/artefacts/MP-0000.364/


    
  






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